Rendez-vous à la Spiruline de l'Arlequin à St Sauveur Lalande.

Publié le : 25 juin 2024 par Sabine

Rencontre avec Valérie Mouchonnet, productrice de spiruline à St Sauveur Lalande.

Valérie, pourquoi vous êtes vous lancée dans la production de spiruline ?

Etant donné que nous possédions un grand terrain, c’est en 2019 que l’idée d’exploiter mes terres en produisant de la spiruline a germé. Cultiver un produit atypique m’a plu immédiatement et le faire découvrir à mes voisins agriculteurs fut tout aussi intéressant.

Mon but est d’être sur une production artisanale avec une commercialisation locale, et surtout une production qui rentre dans le cadre du développement durable à savoir qu’elle a un faible impact environnemental, voire aucun impact postérieur à son exploitation.

Elle prend peu de surface au sol, a besoin d’eau en quantité relative, et consomme très peu d’énergie.

Cela me parait être la façon la plus cohérente d’utiliser une partie de mes terres.

Comment ça marche ?

Pouvez-vous décrire brièvement le processus de production de la spiruline sur votre exploitation ?

La spiruline vit plutôt dans une eau légèrement salée, alcaline et chaude, à une température d’environ 35 à 40 °C. A l’état naturel on la trouve sur la ceinture équatoriale, mais chez nous,  sous serre on reproduit son milieu naturel dans des bassins d’eau peu profonds.

La récolte se déroule en 4 phases :

La filtration de l’eau de culture s’effectue à l’aide d’une récolteuse à spiruline, c’est-à-dire un filtre à tambour. Une fois filtrée, l’eau retourne au bassin évitant toute perte.

Le pressage de la biomasse récupérée permet d’évacuer l’excédent d’eau. A l’issue de ce pressage, on obtient une pâte de spiruline, c’est ce que l’on appelle la spiruline fraîche.

L’étape suivante est l’extrusion, cela consiste à préparer la spiruline au séchage. La pâte est ainsi déposée sur des claies de séchage sous la forme de spaghettis.

Un séchage à basse température (moins de 40°c) et à l’abri de la lumière sera effectué. Il sera plus ou moins long en fonction de la saison, mais assurément à basse température afin de préserver tous les nutriments de la spiruline et garantir une meilleure conservation.

Les défis

Quels sont les principaux défis que vous rencontrez dans le processus de production ?

La difficulté consiste à gérer au mieux les paramètres de température, d’ensoleillement et de nutriments. C’est à 35° qu’elle est la plus heureuse et peut croître jusqu’à  25% par jour.

Sa croissance s’effectue par le processus de la photosynthèse et la constance de la température est un critère important pour son développement.

Chaque jour, des éléments nutritifs (azote, phosphore, potassium, carbone, fer, sels minéraux, oligo-éléments….)  sont apportés à la spiruline, c’est sa nourriture pour la faire grandir.

Elle grandit par division, pour assurer sa croissance elle a besoin de soleil, de chaleur et de nutriments.

Qualité du produit et bienfaits

Comment assurez-vous la qualité de votre spiruline ?

Une fois secs, les spaghettis sont brisés en brindilles puis stockés à l’abri de l’oxygène, de la lumière et de la chaleur afin d’éviter toute oxydation.

Un travail minutieux dans le suivi des lots est fait, et tous les 70 kg des analyses (microbiologique et physico-chimique) sont réalisées afin de garantir un suivi sanitaire.

Quels sont les principales utilisations de la spiruline ?

Considérée comme l’aliment le plus complet après le lait maternel, la spiruline a de nombreuses vertus pour la santé. Il faut la consommer comme un complément alimentaire dans le cadre d’une alimentation saine.

Elle contient entre 60 et 70 % de protéines, elle est une grande source de fer et possède quasiment toutes les vitamines.

La spiruline est utilisée pour favoriser la consolidation des défenses immunitaires, elle a un effet antioxydant et contribue à améliorer le tonus et la vitalité.

Elle est à consommer crue et se présente le plus souvent sous forme de brindilles. On la trouve également sous forme de comprimés, en poudre ou en gélule. L’ANSES préconise une consommation journalière comprise entre 2 à 3 g par jour, il faut savoir que pour la récupération musculaire,  les sportifs peuvent en consommer jusqu’à 10g par jour.

L'avenir

Comment envisagez-vous l’avenir de la production de spiruline, tant au niveau local que national ?

Actuellement j’ai 4 bassins, soit 400 m² de bassin, cela correspond à une petite ferme familiale. Ce modèle d’exploitation est le plus répandu en France.

Quels sont vos projets ou ambitions à long terme pour votre exploitation?

Je n’envisage pas d’agrandir la superficie de production pour l’instant car je reste sur une commercialisation locale de ma spiruline.

Les conseils pour la réussite

Quels conseils donneriez-vous à ceux qui souhaitent se lancer dans la production de spiruline ?

Si je devais donner un conseil à tous ceux qui souhaitent se lancer dans la production de spiruline, en dehors de se former à ce métier, est de savoir fonctionner en horaires décalés. En effet la spiruline se récolte très tôt le matin, le plus souvent avant le lever du jour, car sa teneur en protéines est plus élevée à ce moment de la journée.

En été, le séchage est plus rapide et de fait la sortie du séchoir peut être effectuée en début de soirée. Le temps de travail se déroule donc en deux périodes sur une journée.

Il faut aussi passer du temps à la surveiller : vérifier qu’elle est brassée suffisamment, qu’elle a la luminosité et chaleur idéale, la nourrir quasiment tous les jours.

Quels sont les aspects les plus importants à considérer pour réussir dans ce domaine ?

Avec le recul (4 ans déjà) je dirai que le plus important pour réussir à produire une belle spiruline est de savoir s’adapter à ses besoins, connaître le mode de fonctionnement de sa souche est primordial, observer comment elle grandit chaque jour en fonction de la chaleur, de la lumière et de la température afin d’y adapter la prise des nutriments.

Spiruline de l’Arlequin
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