La Forêt de la Double est une région forestière qui s’étend au sud des départements de la Charente-Maritime et de la Dordogne, jusqu’au nord de la Gironde. Elle est délimitée par la rivière Isle au sud, et par la Dronne au nord.
Sylva Edobola, de son nom d’origine latine, pourrait se traduire par « la forêt mange borne » (EDO : Manger et BOLA : borne, limite) car elle empiète sur 4 départements : la Gironde, la Charente, la Charente-Maritime et la Dordogne. Les gallo-romains ont ensuite changé son nom pour « Saluts de Doblas » (hauteur boisée et cultivée) puis, au fil du temps et à mesure des changements de population et de dialecte, a fini en « Double ».
Elle a longtemps joué le rôle de forêt frontière car au XIIème siècle, la partie de la Double située en angoumois formait un avancement vers le sud ce qui représentait la limite entre les possessions du roi de France et celles du roi d’Angleterre (provenant du mariage d’Eléonore avec Henri Plantagenêt) et forme pendant la guerre de 100 ans une frontière difficile à pénétrer.
Au XVIIIèmè siècle, une déforestation excessive du massif forestier s’opère ; les proches chantiers navals de Bordeaux et La Rochelle usent de cette ressource abondante tant et si bien qu’au début du XIXème siècle, la Double disparaît laissant place à de vastes espaces incultes. Les sols argileux laissent l’eau stagner et croupir. La population pauvre est donc en proie aux fièvres et au paludisme. La vie tend alors a disparaître de cet endroit devenu hostile.
Les pouvoirs publics décident alors de faire appel à une communauté de moines trappistes issus de l’Abbaye du Port-du-Salut, en Mayenne, qui s’installe, en 1868, à Echourgnac afin de redonner vie au « pays des fièvres » et de permettre son peuplement et son développement. Ces moines créent de nombreux étangs et canaux pour assainir la forêt. Ils ont aussi contribué à l’ouverture des routes agricoles, aux assèchements des marécages, puis au reboisement en pins maritimes, en chênes tauzins, en châtaigniers, en aulnes…
Grâce à l’assainissement des marais, l’élevage a pu s’instaurer. Les moines fondèrent l’Abbaye Notre Dame de Bonne Espérance où ils créèrent une fromagerie, dont le lait était collecté dans les fermes avoisinantes. L’exploitation fut interrompue en 1910 lorsqu’ils quittèrent l’abbaye.
Treize ans plus tard, en 1923, l’abbaye d’Echourgnac fut reprise par des sœurs cisterciennes sous le nom d’Abbaye de Notre Dame de Bonne Espérance. Les moniales ont alors repris à leur compte l’élaboration de ce fromage. Cela fait du « Trappe Echourgnac » l’un des plus anciens fromages du Périgord. Dans cette abbaye, vit actuellement une communauté d’une trentaine de sœurs moniales. L’église se visite et la boutique propose bon nombre de produits élaborés par les sœurs : confitures, pâtes de fruits et des produits issus d’abbayes voisines.
Au cœur de la Forêt de la Double, le visiteur peut également découvrir l’architecture typique de la Double avec la visite de la Ferme du Parcot à Echourgnac, l’une des dernières maisons à ossature bois de la région construite en 1841. Le domaine fait plus de 46 hectares et appartient aujourd’hui au Conseil Départemantal de la Dordogne.
Quelques mots sur l’architecture doubleaude : sans fondations, les maisons traditionnelles étaient faites de bois, de pierre et de torchis, un mélange de terre grasse, de paille ou de joncs où même de « palènes » (grandes herbes sauvages). Les murs à pans de bois étaient confectionnés avec un assemblage de poutrelles en chêne. Les intervalles étaient garnis de taquets en bois qui retenaient un bourrage (le torchis), remplacé souvent ensuite par de la brique plate. L’ensemble était fixé sur une base en pierres taillées.
A partir du XIIIème siècle, les murs intérieurs sont crépis et badigeonnés à la chaux. A l’origine, une seule étroite fenêtre donnait un peu de clarté car elle n’était protégée que par un voilage. Ce n’est qu’au XVIIIème siècle qu’apparut le vitrage. Le sol se composait de terre battue ou était couvert de pierres plates, de carreaux de terre cuite ou de simples galets noyés dans du mortier. Pour le toit, la tuile plate remplace progressivement le chaume qui se composait de seigle ou de joncs. Le toit périgourdin très pentu (70%) à 4 faces favorise l’écoulement rapide des eaux de pluie.
Jusqu’au XVIIème siècle, le logis disposait ordinairement d’une seule entrée donnant accès à une pièce unique de 10 m² environ qui pouvait accueillir à cette époque, souvent plusieurs foyers. Petit à petit, cette pièce s’est agrandie d’une chambre. Cette chambre était séparée de la salle commune par une cloison : elle était destinée au maître de maison, à son épouse et aux très jeunes enfants. Les lits supplémentaires se trouvaient dans la pièce principale. L’évier était engagé dans un mur, avec un bassin peu profond mais suffisant pour recueillir les eaux usées qu’un drain évacuait vers l’extérieur.
La cheminée en pierre ou en brique, toujours présente, servait en priorité à cuisiner. La vie s’organisait souvent autour de la cheminée particulièrement en hiver. Pour leur conservation, le lard, les jambons ou les saucissons étaient suspendus au plafond, ainsi que le panier à fromage. Le grenier faisait office de séchoir : on y entreposait les céréales, l’ail, et les oignons. On y accédait généralement par une trappe à l’aide d’une échelle mobile.
Le chai était un petit édifice accolé à la face nord de la grange ou du logis. Il servait à entreposer les barriques ou les pommes de terre.
Les étangs permettent à la forêt de disposer d’une richesse importante de flore et de faune. Elle offre aux animaux un refuge sauvage et préservé et accueille également des espèces menacées de disparition comme la tortue Cistude. Nous pouvons également y apercevoir des oiseaux migrateurs qui apprécient de s’y ressourcer et de s’y alimenter. La végétation variée, constituée de frênes, de chênes, de pins maritimes, de fougères, de bruyère, d’aulnes, permet une grande diversité animale au sein de la forêt.
Grâce à ses nombreux chemins balisés, elle offre à ses visiteurs des possibilités variées de détente comme profiter d’une promenade à pied, à vélo, ou à cheval, ou encore d’apprécier simplement le calme et la sérénité de cette forêt majestueuse, avec un appareil photo ou une palette de peinture.
Pour les amateurs de loisirs en pleine nature, la Forêt de la Double et ses nombreux étangs se prête volontiers à la pêche ou à la chasse.
Si, en revanche, vous souhaitez profiter d’une belle journée en famille, venez découvrir le Grand Etang de la Jemaye et sa base de loisirs. Vous y trouverez un vaste espace naturel de 33 hectares proposant de nombreuses prestations : baignade surveillée en été, des jeux pour les enfants, un parcours santé, des sentiers balisés et un observatoir ornithologique. Pour les gourmands, un restaurant snack est présent sur le site, proposant entre autre un service de restauration, des glaces et des boissons fraîches. Vous trouverez aussi des aires de pique-nique aménagées pour votre confort, pour savourer votre repas dans un cadre enchanteur.
Que l’on soit amoureux de la nature, féru d’histoire ou d’architecture, ou simplement désireux de passer un agréable moment en famille, laissez-vous tenter par la Forêt de la Double qui saura vous ravir grâce à toutes ses facettes.
Amateur de grands espaces boisés au calme, nous vous invitions à découvrir un autre très beau lieu de visite : La Forêt du Vignoble